Cinéma de jadis

Avec Walter Huston, Harry Carey, Ralph Ince, Andy Devine

Un homme de loi de grande réputation devient shériff d'une ville corrompue. Il arrivera à remettre de l'ordre, mais perdra ses meilleurs amis.

Obscur western primitif et rude, mais demeurant unique. D'abord, il n'y a aucun rôle féminin et on ne voit que quatre femmes, dont trois ont droit à une courte réplique. Ce qui paraît très évident : les interventions parlées sont très brèves, hors deux tirades de  Walter Huston. Je suis persuadé qu'aucune réplique de ce film ne compte deux lignes. Personne ne sourit, de plus ! Bien que le thème soit sans surprise, le traitement demeure largement inédit.  Le scénario a été écrit par John Huston, fils de Walter et futur cinéaste de renom.

Avec Harold Lloyd, Jobyna Ralston, Charles Stevenson

Un nouveau marié rencontre des problèmes avec sa belle-famille.

Il s'agit du premier film du grand comique avec la jolie Jobyna. Une riche collaboration ! Ce film m'a toujours donné l'impression d'être trois courts métrages assemblés, tant les découpures sont prononcées. 1)-Harold rencontre des problèmes avec un dindon qu'il a gagné chez un boucher. 2)- Harold étrenne sa nouvelle voiture en compagnie de son épouse et de sa belle-famille. Quinze minutes plus tard, l'auto est en ruines. 3)- Harold est persuadé qu'il a tué sa belle-mère. Le film regorge de belles trouvailles visuelles, de jolies situations comiques. Divertissant et agréable ! 

Avec Ruby Keeler, Dick Powell, Joan Blondell, Ned Sparks, Ginger Rogers

Pendant la grande dépression des années 1930, quatre danseuses font partie d'un spectacle financé par un jeune homme riche que sa famille veut déshériter, s'il ne cesse pas de fréquenter le milieu artistique.

Les comédies musicales de la Warner Brothers ressemblaient à leurs autres films : rudes et abruptes ! De plus, le style ne ressemblait profondément pas à ce qui se faisait ailleurs au même moment, alors que les numéros dansés étaient synonymes de ce qui se passait sur scène à Broadway. Pas chez Warner : les extravagantes chorégraphies de Busby Berkeley, avec des centaines de danseuses, étaient impossibles à reproduire sur scène : trop de mouvements de caméras, sous tous les angles possibles. De plus, ces chorégraphies avaient une connotation sociale, comme la crise économique dans le cas du présent film. Terminons par une autre qualité : l'aspect comédie était nettement plus drôle que chez les concurrents.

Avec Lew Ayers, Louis Wolheim, Raymond Griffith

Un jeune allemand s'engage avec enthousiasme pour servir pendant la guerre 14-18, mais sa vie de soldat lui fera prendre conscience de l'absurdité de la guerre.

Proclamation :  C'est le meilleur film de guerre de tous les temps. Pas d'héroîsme hollywoodien, ici.  Le héros a même souvent très peur. De plus, la guerre, c'est sale. Alors, nous avons droit à de la saleté. Autre cliché évité : le récit se déroule non pas du côté des Américains et de leurs alliés : ce sont des Allemands.

Un secret dont je me souviens : le film a été tourné en partie en muet et il existe une version muette. La sonorisation ajoutée est très sèche. De plus, il n'y a pas de musique, donnant au film un climat réaliste.

Belle photo, ci-haut ? C'est la finale du film : un cimetière et, en transparence, les soldats qui occupent le dit cimetière, dont le héros. La photo laisse deviner une belle cinématographie. Vrai ! Il y a entre autres une extraordinaire caméra mobile lors d'une scène de combats dans les tranchées. C'était si réaliste que des documentaristes du futur se serviront de séquences du film, comme s'il s'agissait de films de 1916. À voir absolument ! 

Avec Peter Lorre, Otto Wernicke, Glestat Grundgens

Dans une grande ville, un sadique tue des petites filles. La police n'arrivant pas à lui mettre la main au collet, la pègre se charge de la mission et décide d'exécuter le bandit.

Le rôle le plus célèbre de Peter Lorre, mais aussi une indication que cet homme avait davantage de talent que les emplois de faire-valoir qui seront son pain quotidien aux États-Unis. Bien sûr, comme tous les films allemands de cette époque, le réalisateur Lang joue avec les angles, les gros plans et les climats. Du bon ciné !

Avec Erroll Flynn, Billy & Bobby Mauch, Claude Rains, Alan Hale

Dans l'Angleterre du seizième siècle, un petit mendiant est interposé avec le jeune prince du royaume, qui devient lui-même mendiant.

Pas de doute que Flynn excellait dans ce type de film, distraction de qualité pour tous les âges. Les enfants de l'époque ont dû adorer les jumeaux Mauch, qui tirent très bien leur épingle du jeu. Divertissant !

Avec Ann Dvorak, Joan Blondell, Bette Davis, Edward Arnold, Humphrey Bogart

Le destin de trois amies d'enfance et surtout celui de celle qui devient une cocainomane.

Les salles de cinéma des années 1920 à 1945 étaient fréquentées surtout par des femmes, au cours de l'après-midi. Conséquemment, les firmes hollywoodiennes tournaient des films destinés surtout au public féminin. Drame d'amour, la plupart du temps, mais aussi des fictions avec des femmes courageuses. Toutes les firmes, sauf la Warner Brothers, qui en compte très peu. En voici un, mais Warner demeure fidèle à sa politique "Jamais dans la dentelle, toujours dur et abrupt." Il fallait mettre un peu de gangster dans l'ensemble, puis une héroïne en plein coeur d'une déchéance humaine.

Les films sur la drogue n'étaient pas monnaie courante. Montrer le truc, dire le nom de la drogue était interdit par la censure. Sauf qu'on voit très bien que Ann Dvorak consomme de la cocaine. Son amant semble préférer l'héro. Jamais dit, mais on le devine parfaitement !  Le début du film reprend la même idée que celle de Public Enemy : retour vers les étapes sociales d'un récent passé, pour voir les trois femmes en vedette enfants, adolescentes, menant à ce qu'elles allaient devenir.

Un film oublié et obscur, mais il y a de l'intérêt à cause du sujet et du jeu extraordinaire de Dvorak. Quant aux deux noms célèbres du générique, Davis et Bogart, ils étaient alors des débutants et leurs rôles ne sont guère importants.

La photo : à gauche : Ann Dvorak ; au centre : Joan Blondell et, à droite : Bette Davis.

Avec Erich Von Stroheim, Michel Simon, Armand Bernard

Deux garçons disparaissent mystérieusement d'un pensionnat. Leur meilleur ami imagine sa propre disparition, afin d'enquêter, avec l'aide d'un professeur impopulaire.

Un scénario de Jacques Prévert, non crédité au générique. Le film a un grand défaut : beaucoup de scènes se déroulent la nuit et on a du mal à voir ce qui se passe ! Sinon, il y a une bonne part de mystère et un intérêt soutenu. Beau rôle pour Stroheim.

Deux courtes notes : il n'y a aucune femme dans ce film. Parmi les enfants figurants (Classe, cour d'école) il y a le futur chanteur Charles Aznavour, alors âgé de 12 ans.