Cinéma de jadis

Avec Harold Lloyd, Jobyna Ralston, Leo Wills

Un poltron fait en sorte de sauver l'honneur de son père, shériff aveuglément accusé de vol.

Un film avec de belles trouvailles, entre autres une extraordinaire séquence alors que Harold rencontre Jobyna dans une forêt. Le lieu étant en pente, quand la jeune femme s'éloigne, l'homme ne la voit plus. Il monte dans un arbre pour mieux l'apercevoir, lui lance quelques paroles. Elle poursuit sa route, devient de plus en plus petite, mais il monte encore dans l'arbre pour mieux le voir, etc. C'est une séquence magnifique ! Un peu moins magnifique est la finale sur le navire, avec cette bataille interminable...  On peut aussi ne pas aimer les aspects cowboys du film, mais tout ce qui se passe entre Harold et sa vedette féminine vaut le détour.

Avec Charlie Chaplin, Merna Kennedy, Harry Corcker

Un vagabond, devenu homme à tout faire dans un cirque, devient à son insu vedette du spectacle, ce qui lui permet de tenter une approche sentimentale avec une belle trapéziste, amoureuse d'un funambule.

Dans son autobiographie, Chaplin ne dit aucun mot sur ce film. Sans doute des mauvais souvenirs pour lui : la tournage a été retardé par un incendie au studio, des problèmes avec le fisc, le décès de sa mère et un divorce tapageur. Contrairement à ses films précédents, il n'y a ici aucun message social : qu'une simple comédie, avec des trouvailles très drôles, particulièrement lors des scènes du début, alors que Charlot erre sur le terrain du village forain. Excellente comédie de cet immense acteur !

Avec Michel Simon, Charles Granval, Marcelle Hainias

Un libraire au grand coeur sauve un vagabond de la noyade et le rescapé s'installe plus que confortablement dans la maison de son bienfaiteur.

Un scénario très cynique envers la bourgeoisie. Michel Simon fantastique dans le rôle du vagabond idiot. Il est très drôle dans son irrespect social. Un film unique !

Avec Raimu, Ginette Leclerc, Charpin, Blavette

La séduisante jeune épouse du nouveau boulanger d'un village ne tarde pas à le tromper avec un berger. Cocu devant toute la communauté, le boulanger refuse alors de cuire le pain tant que sa femme ne sera pas revenue.

À mon avis, voici le meilleur film de Pagnol. Les personnages typés et attachants sont présents, le milieu villageois et provençal bien présenté, mais le film vaut le détour pour la performance incroyable de Raimu, l'une des plus fortes de l'histoire du cinéma. Ce comédie pouvait nous faire rire une seconde et nous faire pleurer 20 secondes plus tard. Incroyable ! Un superbe film que je ne me lasse pas de regarder.

Avec Olivia de Havilland, James Cagney, Dick Powell, Mickey Rooney

Des amants malheureux fuient dans une forêt enchantée où les elfes du mal se disputent le destin du couple. Un lutin jette des charmes aux amoureux.

Shakespeare et le cinéma, hein... Cela ne m'a jamais accroché. Cependant, j'imagine que cela devait faire prestigieux pour une firme hollywoodienne de s'y pencher. Ici, un produit de la Warner, avec des rôles mal distribués à Cagney et Powell. Les femmes se débrouillent mieux. Le film vaut le détour pour une réalisation très soignée et des images étonnantes, d'une grande beauté.

Olivia de Havilland est la première, à droite, sur la photo. Je souligne qu'au moment d'écrire ces lignes (Septembre 2014), la comédienne est toujours vivante, âgée de 98 ans.

Avec Paul Muni, Karen Morley, J. Caroll Naish, Tully Marshall

Dans un village minier, un travailleur quelque peu simple d'esprit mais aimé de tous, s'enferme dans la mine et menace de tout faire exploser afin de régler une grève injuste pour ses camarades.

Un film Warner Brothers : c'est sale, juteux, réaliste. Paul Muni tout simplement extraordinaire et pas seulement dans les séquences tendues où il est seul dans la mine avec sa dynamite. Le film a été interdit dans plusieurs États américains, y voyant un appel à la révolte.

Avec Clark Gable, Lana Turner, Claire Trevor, Marjorie Main, Frank Morgan

Une jeune femme de bonne famille tombe amoureuse d'un joueur, propriétaire d'un saloon et qui devient maître de la ville.

Les westerns n'étaient pas la spécialité de la MGM et ce n'était pas avec ce film trop long qu'ils allaient briller dans le firmament du style. Cependant, ce film a un petit quelque chose de différent. Les westerns s'adressaient aux hommes, tout le monde est d'accord ? Pas celui-ci. Le public féminin était visé, avec la belle jeune femme romantique (Lana Turner), le vilaine au grand coeur (Claire Trevor) et la rustre dame entre deux âges (Marjorie Main). Ajoutons des toilettes chics pour Lana Turner et de multiples scènes romantiques. Comme c'était le cas de la plupart des films mettant en vedette Clark Gable, le grand frisson pour les femmes était présent, avec l'incontournable scène où il est torse nu, sans oublier de nombreux baisers. Cependant, je ne comprends pas pourquoi cette production porte le titre de Honky Tonk, désignant habituellemet un bar de seconde zone, alors qu'ici, le très chic est plutôt visé.

Avec Cary Grant, Joan Fontaine, Cedric Hardwicke

Une femme épouse un playboy qu'elle connaît à peine et qui se révèle un irresponsable. Elle croit qu'il a tué son meilleur ami et qu'il cherche à la faire disparaître.

Un bon film, mais pas un grand Hitchcock. L'aspect mystère et suspense est concentré dans la seconde partie du film et la première devient ainsi trop longue. Intéressant tout de même de voir une rareté : Cary Grant dans un rôle de vilain.

La photo ci-haut est une des plus célèbres scènes tournées par Hitchcock. Elle ne dure pas dix secondes, pourtant. Le réalisateur jouait avec les ombres, le noir et blanc et, dans cette semi-pénombre, le verre de lait paraissait lumineux.

Avec Humphrey Bogart, Edward G Robinson, Lauren Bacall, Lionel Barrymore, Claire Trevor

Un ancien soldat se rend à Key Largo pour revoir son ancien commandant et est, en compagnie d'autres personnes, pris en otage par un bandit désireux de se réfugier à Cuba.

Distribution hors pair pour un film au scénario quelque peu complexe. Bogart dans un rôle qui ressemble étrangement à ceux tenus par Jean Gabin. Quant à Robinson, il ne semble pas du tout heureux de retrouver ses rôles clichés de gangster. Suspense et psychologie : un film de qualité, malgré ses petits défauts.