Cinéma de jadis

Avec Joel McCrae, Alex Nicol, Barbara Hale

Un honnête fermier se révèle, aux yeux de son fils, comme membre d'un groupe de bandits. En réalité, l'homme est un espion ayant comme but de démasquer le chef de ces vilains.

Un western de série B, misant sur l'efficacité de Joel McCrae, grand comédien du genre. Le résumé laisse deviner la rencontre entre western et film policier. Le petit Alex Nicol se tire bien d'affaires. Rien de génial, mais un western sympathique.

Avec Brigitte Fossey, Georges Poujoly, Laurence Badis

Une famille paysanne recueille une petite fille dont les parents sont morts lors d'un raid aérien. Elle s'attache au garçon de la famille et les deux s'amusent à voler des croix dans un cimetière pour bien enterrer des animaux.

Extraordinaire ! Malgré l'amateurisme des comédiens adultes en vedette... La scène de l'attaque aérienne, au début, est une des scènes de guerre les plus cruelles et évocatrices que j'ai vu au cinéma. Nous aimons aussi le célèbre thème musical et la beauté, la naïveté de la touchante petite Brigitte Fossey, dans le rôle pour enfant le plus merveilleux depuis le Jackie Coogan de Chaplin.

Avec John Mills, Valerie Hobson, Jean Simmons, Alec Guinness

Un bagnard évadé reçoit de la nourriture de la part d'un petit garçon. Devenu très riche, des années plus tard, il se souvient du geste de l'enfant et, secrètement, fait en sorte que son bienfaiteur, maintenant jeune homme, soit un gentleman de la belle société anglaise.

Je ne sais pas combien de films David Lean a tourné avec les riches histoires de Charles Dickens et je suis trop paresseux pour chercher. Beaucoup est une bonne réponse. Cependant, cette histoire n'est pas ma favorite, mais cela n'empêche pas le grand cinéaste de nous offrir des images d'une qualité exceptionnelle, dont beaucoup de trouvailles dans la première partie du film. Tout ça est profondément britannique et, d'ailleurs, les seuls bons films inspirés des récits de Dickens sont des productions anglaises.

Avec Fred MacMurray, Claudette Colbert, Marjorie Main, Percy Kilbride

Un citadin réalise son rêve en achetant une ferme afin d'élever des poulets, mais son épouse, diplômée universitaire, a du mal à s'habituer à la vie rurale.

Il y a des visiteurs qui connaissent le feuilleton Les arpents verts, des années 1960 ? Hmmm ? Eh bien, The Egg And I ressemble étrangement à ces verts arpents. De plus, le film nous présente pour la première fois le couple Main-Kilbride, dans le rôle des Kettle, qui seront ici si populaires que la firme Universal leur fera tourner une série de films de série B basés sur leurs rôles dans le présent film. Sinon ? Une simple comédie, ni importante, mais pas médiocre.

Avec Bette Davis, Paul Henreid, Claude Rains

Une femme dominée par sa mère souffre de graves problèmes psychologiques. Elle est prise en main par un médecin qui lui recommande une cure de repos sur un navire de croisière, où elle rencontre un homme marié dont elle tombe follement amoureuse.

Vous avez vu le résumé ? Film de femme. Attention ! Pas de moquerie de ma part ! Hollywood produisait, chaque année, des films du genre et qui étaient essentiellement destiné au public féminin. Pourquoi ? Parce que dans toutes les villes, les cinémas étaient ouverts l'après-midi. Les ménagères à la maison représentaient un public cible, pendant que l'époux était au travail. Elles avaient le temps de se rendre en salle, de pleurer avec Bette Davis et d'être de retour pour préparer le repas du mari et des enfants revenant de l'école. Celui-ci est bien, mais très larmoyant...

Avec Richard George, Laurence Olivier, Trevor Howard, Raymond Massey

En 1940, un sous-marin allemand aborde les côtes du Canada mais est repéré, prend la fuite vers le Nord, et est abattu dans la Baie d'Hudson. Six survivants nazis tentent de rejoindre les États-Unis, alors pays neutre, afin de retourner en Allemagne.

Tous les films de guerre tournés pendant la guerre sont des films de propagande. Cependant, celui-ci est différent. Pas de scènes guerrières, de soldats. La propagande s'adresse autant aux britanniques, aux Canadiens qu'aux Américains. De ce dernier point de vue, le film, distribué aux USA sous le titre de Invaders, avait tout pour effrayer les citoyens alors neutres. La distribution, presque entièrement masculine, est excellente, avec un Richard George, comme chef du groupe de survivants nazis, plutôt glaçant. Les deux défauts du film : certains stéréotypes à l'égard des Canadiens : les Inuits et le Québécois de service, joué maladroitement par Laurence Olivier, présenté comme un amas de clichés. Tout de même, ce film vaut le détour à cause d'un certain sens du suspense, de sa différence et de sa finale, alors que le seul survivant allemand, leur chef, est en quelque sorte capturé par un... soldat canadien déserteur. Le film a été entièrement tourné dans l'Ouest canadien et la sonorisation a été faite à Montréal

Avec Bela Lugosi, Helen Chandler, Dwight Frye

Un vampire quitte sa Transylvanie pour chercher de nouvelles victimes en Angleterre.

Il y a eu beaucoup de Dracula dans l'histoire du cinéma, dont des parodies. Je ne crois pas me tromper en affirmant que l'image de Bela Lugosi dans le rôle du vampire a éclipsé toutes les autres. Même les gens qui n'ont jamais vu ce film identifient Dracula à Lugosi. C'est un film lent, un peu statique, mais qui crée un certain climat qui, s'il a effrayé les gens de 1931, ne fait plus frisonner personne. Lugosi est glacial, mais les autres comédiens l'entourant laissent à désirer. Prenez note que Lugosi ne savait pas parler anglais, lors de ce tournage. Il parlait phonétiquement, d'où peut-être l'étrange lenteur de ses interventions. Démodé, mais tout de même intéressant.

Avec Ralph Cooper, Lena Horne, Lawrence Criner

Après avoir perdu sa protégée et organisé un spectacle désastreux, un promoteur doit recommencer sa carrière au bas de l'échelle, mais l'ancienne protégée, devenue vedette, lui donne un coup de main.

Il ne faut pas se cacher que les Américains étaient racistes même dans leurs films, attribuant aux hommes de race des rôles de crétins et aux femmes ceux de gouvernenantes, et un point c'est tout. Les Noirs ne devaient pas être trop fiers de voir les leurs dans de tels stéréotypes... C'est pourquoi des hommes de tous les domaines artistiques ont produit des films avec seulement des comédiens de race, dans des rôles de personnes normales. Tout y est passé : comédies, drames d'amour, films de gangster, de guerre et même des westerns. Ces films, à très petits budgets, ont été réalisés des années 1910 jusqu'au début de la décennie 1950. La plupart sont disparus.

Je ne connais que celui-ci. J'y ai vu ce que j'avais lu à ce propos : les rôles vedettes sont attribués à des Noirs à la peau claire. La photo ne peut mentir ! La formule de ceci est la même que les films hollywoodiens, sauf que le budget nous limite à une pauvre réalisation, à peu de décors. Soyons honnête : comme film de série B, celui-ci est sympathique. Malheureusement, l'aspect musical ne représente pas tout à fait la créativité des Noirs de l'époque, hors une formidable incursion du quatuor The Cat And The Fiddle, un groupe d'harmonies vocales présentant une chouette chanson amusante avec une chorégraphie dynamique. Quant à Lena Horne, à peine âgée de 20 ans, elle nous offre les patisseries blanches qu'elle passera sa vie à chanter. Ralph Cooper est très bien, comme comédien. Il est aussi le producteur du film. Cet homme fut l'animateur des soirées d'amateur du théâtre Apollo de New York pendant près de cinquante années et les séquences où il tente de convaincre le public d'acheter une potion qui guérit tout, nous laissent deviner son véritable métier.

Ce film fait partie du domaine public et je suis persuadé qu'on peut le voir gratuitement sur Internet.